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Improlab
29 janvier 2015

Un bon improvisateur?

Un bon improvisateur c'est quoi exactement, à quel moments peut on prétendre être "un bon improvisateur"? N'est ce pas déjà être orgueilleux que de se prétendre l'être. À quoi et sur quel critère se base t'on pour juger? Voici l'avis de Jean Marc Lavergne, MC à la LNI issue des cahiers pédagogiques de la lni

Qu'est-ce qui fait un bon improvisateur ? Disons d’emblée que s’il y avait une recette infaillible, ça se saurait ! Depuis le temp...

C’est peut-être devenu cliché de le dire, mais il reste que l’improvisation théâtrale exige de l’artiste qu’il soit acteur, auteur et metteur en scène et que, pour ce faire, il doit posséder plusieurs habiletés qui se maîtrisent pour la plupart par l’apprentissage et la pratique.

Les qualités essentielles de base, même si leur concept a été
parfois galvaudé, sont incontournables chez les pros de la LNI. Elles s’inscrivent dans la mécanique même du jeu et ne peuvent être occultées. L’écoute, la disponibilité, la générosité, la vision périphérique (être conscient de tout ce qui se passe autour, même dans son dos, par tous les autres intervenants), le timing, font parties de ce qu’on peut appeler le réflexe d’improviser. Une habileté essentielle entre toutes est l’écriture.

Dans une impro, tous les joueurs sont des partenaires dans
l’élaboration de l’histoire. L’adversité doit se jouer plus subtilement, à un autre niveau; par l’énergie, l’implication, l’investissement de l’acteur, la saveur des répliques, la qualité du « renvoi de balle ». Chaque joueur en scène participe à l’écriture de l’impro, non seulement par ses interventions, mais aussi par son jeu, son rôle et son personnage.

Savoir ne pas tout révéler d’emblée, parsemer l’histoire d’indices suggérés par chacun des protagonistes, laisser l’histoire s’écrire par elle-même, tout en en contrôlant la progression, c’est déjà là la démonstration d’une pleine

maîtrise de son art.

La qualité essentielle à tout joueur, qu’il agisse en solo, en duo ou en groupe, est d’être conscient de cet échafaudage d’indices et de morceaux d’intrigue pour être capable de participer à la remise en place de tous les morceaux du puzzle avant la fin du temps imparti. Cela signifie la conscience de sa place et de son rôle dans l’impro, la conscience du temps qui s’écoule, la conscience des partenaires et la conscience des spectateurs.

L’impro ne réside sur les épaules d’aucun joueur. Elle s’érige par devers eux, mais elle prend forme au milieu d’eux. C’est une grande faute que de penser devoir tout porter sur soi. Çaempêche de voir et de regarder l’autre. C’est d’ailleurs le principal défaut du joueur débutant ou non initié. 

En groupe, certains joueurs vont initier, baliser et diriger la progression de l’histoire. D’autres viendront nourrir les situations, provoquer les revirements, injecter du carburant au « moteur » de l’improvisation. D’autres encore viendront couvrir l’adversaire, ramener le thème au besoin ou asséner un punch final.

Mais tout ça n’est que de la mécanique. Il faut maintenant, pour participer à la magie de l’instant, y mettre de la substance, du contenu, du propos, de l’imagination, de l’inventivité et de la rigueur (qui n’est pas de la rigidité).

Par leur talent d’acteur, les bons joueurs proposent des personnages forts, crédibles, charnus, avec de la substance, de l’émotion, de la respiration, sans surjouer.

Par leur talent de metteur en scène ils savent habiter l’aire de jeu, ménager leurs entrées et sorties, disposer les éléments d’intrigue pour que la situation apparaisse clairement aux spectateurs et aux autres joueurs.

Par leurs qualités d’auteur, ils imagineront une situation intéressante, des personnages habités, des dialogues savoureux. Ils construiront lentement une histoire qui se tient, qui évolue, qui se boucle.

Ce que le spectateur demande aux joueurs c’est de l’intéresser, l’étonner, le surprendre par une performance authentique, un propos substantiel, un imaginaire original, un jeu d’acteur investi. De tout cela découlera le charisme essentiel aux plus virtuoses.

Le talent, inné ou acquis, doit être entretenu de façon constante. Un bon joueur saura nourrir sa curiosité et se forger une culture éclectique. Entretenir un éventail varié de propos, de personnages, de styles de jeu. Même dans la folie la plus démentielle, dans l’imaginaire le plus débridé, il faut se méfier du banal.

Dans l’état actuel des choses, les meilleurs joueurs sauront faire preuve d’imagination, d’innovation, de versatilité. Bref, de créativité.

Mais cela ne dit pas tout...

L’engouement toujours vivace pour la joute d’improvisation théâtrale tient justement du fait qu’on n’a pas encore fait le tour de la question. Il reste toujours un aspect à découvrir, à explorer

et à comprendre. Le jeu évolue, les joueurs aussi. Le public également.

Le jour où on aura résolu la question, ce sera le déclin du match d’impro.

L’art sera consommé.

Jean-Marc Lavergne

 

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